PHILIPPE TEILLET
Bravo à toutes et à tous !
Vous voici donc diplômé-e-s de Sciences Po Grenoble, parcours DPC (rappelez-vous, il n’y a pas de master à l’IEP, pas plus DPC qu’un autre ! Ce sont des parcours du diplôme qui, lui, est un grade de master…).
Vous allez intégrer les professions culturelles (pour la plupart, à l’heure où ces mots sont écrits, c’est déjà fait) et ce sera l’occasion de passer aux actes, l’épreuve tant attendue des DPCistes…
Les réglages fins auxquels nous avons procédé, Pierre Brini et moi-même, visent en effet à vous permettre de vous glisser sans dommage au sein des milieux culturels, d’y faire rapidement votre place en y étant reconnu-e-s et apprécié-e-s. Mais nous nous sommes aussi efforcés de vous rendre capables de transformer ces milieux professionnels ou du moins d’accompagner leur indispensable transition.
Les deux dernières années ont été rudes pour le secteur culturel. Heureusement, dans cette crise profonde, les institutions et structures que visent DPC, celles qui interviennent dans la fabrique des politiques culturelles territoriales, ont été relativement protégées. Contraintes et avantages de s’inscrire dans l’action publique…
Dans un tel contexte, vous le savez, le sauvetage du secteur risque d’être la priorité, l’objectif exclusif des interventions publiques. Et les dérisoires étranglements à propos d’une « culture » qui ne serait pas essentielle n’ont rien arrangé de ce point de vue (si elle l’était, si ce que les milieux professionnels appellent « culture » était « essentiel », les enquêtes sur les pratiques culturelles des Français, depuis 50 ans, montreraient de tout autres résultats).
Il vous reviendra donc de rappeler que ces politiques ne peuvent faire abstraction de leur sens politique. Les enjeux, culturels et politiques, ne manquent pas d’ailleurs. Les événements que nous avons traversés cette année à Sciences Po montrent l’état de dégradation de l’espace public, des conditions du débat public. La gestion de la crise sanitaire, en France mais aussi ailleurs, les confusions idéologiques que nous connaissons et dont seuls les ultra conservatismes paraissent profiter, témoignent de systèmes démocratiques mal en point. Or, les politiques culturelles n’ont de sens que dans ce cadre démocratique et pour en assurer le développement. Enfin, la transition écologique impose une transformation de nos pratiques culturelles, en particulier de nos relations à ce que nous considérons comme la nature et ses ressources.
Immenses mais aussi passionnants chantiers, j’en suis bien conscient, mais à propos desquels je sais pouvoir compter sur vous.